Vers une Belgique sans tabac : les grandes surfaces disent adieu aux cigarettes

En Belgique, le paysage de la grande distribution est sur le point de connaître une révolution sanitaire. D'ici 2025, les étals des supermarchés de plus de 400 mètres carrés seront dépourvus de cigarettes et de tout produit du tabac. Cette mesure radicale s'inscrit dans un plan de lutte contre le tabagisme, porté par le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, qui vise à endiguer les méfaits d'une addiction responsable de milliers de décès chaque année.

Le gouvernement belge, conscient de l'impact dévastateur du tabac sur la santé publique, a décidé d'agir fermement. Les statistiques sont alarmantes : 14 000 Belges perdent la vie chaque année à cause du tabac, sans compter les maladies graves qu'il engendre. Pour inverser cette tendance, le ministre a présenté un arsenal de mesures qui, en plus de l'interdiction de vente dans les grandes surfaces, comprend l'interdiction de fumer dans des lieux publics stratégiques tels que les abords des terrains de sport, des hôpitaux, des écoles et des bibliothèques.

Cependant, le ministre a choisi de ne pas s'attaquer à la question du tabagisme en terrasse, un sujet sensible qui pourrait susciter une opposition trop importante. Par ailleurs, les points de vente temporaires de produits du tabac seront aussi proscrits, et les marchands de journaux devront retirer cigarettes et produits de vapotage de leurs présentoirs.

Le coût de ces produits connaîtra également une hausse significative. En effet, dès l'année prochaine, le prix d'un paquet de cigarettes s'élèvera à 10,8 euros, soit une augmentation de plus de 2 euros. Le tabac à rouler n'est pas en reste avec une augmentation de 4 euros. Même le vapotage, souvent perçu comme une alternative au tabagisme, sera taxé, avec une nouvelle accise sur les liquides de vapotage.

Face à ces mesures, la réaction de Comeos, la fédération du commerce, ne s'est pas fait attendre. Qualifiant le plan de "pure hypocrisie", son CEO, Dominique Michel, pointe du doigt une certaine incohérence et craint une incitation aux achats transfrontaliers.

Ces initiatives, bien que controversées, marquent une étape décisive dans la politique de santé publique belge. Elles reflètent la détermination des autorités à combattre le fléau du tabagisme, quitte à bouleverser les habitudes de consommation et à naviguer dans les eaux troubles des débats économiques et sociaux.