La lutte contre le tabagisme au Sénégal : un enjeu de santé publique face à l'émergence de nouveaux produits

Dans un contexte mondial où la lutte contre le tabagisme s'intensifie, le Sénégal se trouve à un carrefour décisif. La récente controverse autour du décret régissant la vente de cigarettes électroniques et de chicha met en lumière les défis auxquels le pays est confronté dans sa bataille contre le tabagisme, en particulier chez les jeunes.

Le 10 novembre, une conférence de presse a été organisée par la Ligue sénégalaise contre le Tabac (LISTAB), en collaboration avec la Fédération Nationale des Associations des Parents d'Élèves et Étudiants du Sénégal (FENAPES) et l'UNAPES. L'objectif était de sensibiliser l'opinion publique et les autorités sur les dangers représentés par la chicha et les cigarettes électroniques, de plus en plus présents dans les établissements scolaires.

Ces organisations ont exprimé leur inquiétude quant à l'adoption d'un décret, en Conseil des ministres le 4 octobre dernier, qui semble aller à l'encontre des efforts de lutte antitabac menés par le pays. Ce décret, selon les informations rapportées par le journal Sud Quotidien, autoriserait la vente de ces nouveaux produits tabac émergents, facilitant ainsi leur commercialisation, notamment via les réseaux sociaux.

Dame Seck, secrétaire général de la FENAPES, a souligné l'urgence de la situation, mettant en avantl'utilisation croissante de la chicha et des cigarettes électroniques dans les environs des écoles. Ces produits, vendus dans un conditionnement attrayant, représentent un danger pour la jeunesse, incitant à l'initiation au tabagisme.

La LISTAB, la FENAPES et l'UNAPES ont donc demandé le retrait de ce décret, le qualifiant d'antithétique à la Convention de l'OMS pour la Lutte Antitabac. Ils ont également souligné la difficulté de réglementer ces produits en raison des innovations constantes de l'industrie du tabac. Ces nouveaux produits, souvent conçus pour ressembler à des objets anodins, détournent l'attention des parents tout en représentant un danger significatif pour la santé des jeunes.

Ce débat soulève des questions cruciales sur la manière dont le Sénégal, et plus largement les pays en développement, peuvent gérer l'introduction de ces nouveaux produits du tabac. Alors que le monde évolue vers une réglementation plus stricte du tabac traditionnel, l'émergence de produits alternatifs comme la chicha et les cigarettes électroniques représente un nouveau défi.

La situation au Sénégal est emblématique des tensions entre les impératifs de santé publique et les intérêts économiques. D'une part, il y a la nécessité de protéger la santé des citoyens, en particulier des jeunes, contre les méfaits du tabagisme. D'autre part, il y a la pression des industries du tabac qui cherchent à étendre leurs marchés en exploitant les lacunes réglementaires et en ciblant de nouveaux consommateurs.

La réponse du gouvernement sénégalais à cette situation sera cruciale. Elle déterminera non seulement l'avenir de la lutte contre le tabagisme dans le pays, mais aussi sa capacité à protéger les générations futures des dangers du tabagisme. La société civile, par ses actions et sa vigilance, joue un rôle essentiel dans ce processus, en veillant à ce que les intérêts de santé publique prévalent sur les intérêts commerciaux.

En conclusion, la situation au Sénégal est un rappel que la lutte contre le tabagisme est un combat constant, qui nécessite une vigilance et une adaptation continues face à l'évolution de l'industrie du tabac. C'est un combat qui ne se limite pas aux frontières d'un pays, mais qui est intrinsèquement lié aux dynamiques globales de santé publique.